Des amies qui chantent leurs écorchures

trouvère à la corde

 

écoutez les méandres
ma langue qui planque ses pleurs sous les cordes
les accords sordides d’un ventre affamé
l’âme et le corps de mes disettes
ma desserte de mots condamnés
littérature sans papier
artiste ni signée ni signalée

je m’effrite face caméra
je m’évite face au miroir
me retrouve face à ma plume médiator
gratte l’eczéma d’une guitare
barbelés de liberté fouettards à volonté
pour un refrain je suis jukebox volontiers
le temps d’un air fugace
vole le chant aux oiseaux, abats l’instinct des suicidés
d’une fureur ravivant les rêves homicidés

loin des sentiers battus
destin craquelé plaintes roucoulées
sabrez le champagne raclez l’ukulélé
festoyez-moi l’auteure interprète
misérable sous les fenêtres
ivrognant le monde de couplets qu’affliction sécrète
écuelles de lucidité gamelles d’acidité
fuguées par l’honnête citoyen
j’aime les habiter

suis l’originelle
vipère violée de mépris dans une venelle
mais les bravos arrivent
le public les piécettes
succombent aux talents des rues qui enchantent à tue-tête.

 

 

Edgar Sekloka, mars 2015